« Quel regard portez-vous sur ce nouveau documentaire (*) ?
Cela me tenait à coeur de dire la vérité par rapport à mes soucis de santé. Depuis quelques années, j'ai basculé dans un autre univers, moi qui ai toujours baigné dans le surf et le haut niveau. Désormais, je suis dans le management et le coaching (il est coach de l'équipe de France de surf). C'est une autre vie. Ce documentaire m'a permis de clore la partie compétiteur.
Ma tumeur au cerveau, au début, quand ça m'est tombé dessus, c'était un sujet un peu tabou. Je ne voulais pas trop en parler. Au bout d'un moment, j'en avais marre de cacher la vérité. Et comme tout au long de ma carrière j'ai toujours été très vrai et très honnête, il était donc évident qu'il fallait que je le sois jusqu'au bout. Sur ce que j'ai vécu et ce que je suis encore en train de vivre. J'ai quitté le circuit pro en partie en raison de cette tumeur. Là, j'explique pourquoi.
« Niveau mémoire, je suis encore loin d'être au top de ma forme »
À quel point cela a-t-il été difficile d'en parler face caméra ?
C'est toujours un sujet compliqué pour moi. Ç'a été et c'est encore une expérience traumatisante. Mais comme je connaissais bien Julie et Vincent Kardasik ainsi que Nicolas Dazet, cela m'a aidé à m'ouvrir et à dire les choses telles quelles. Mais ce fut épuisant. On a fait six heures d'interview. C'était éprouvant. On a fait deux fois trois heures et à chaque fois il m'a fallu deux jours pour m'en remettre. Niveau mémoire, je suis encore loin d'être au top de ma forme. Il m'a fallu énormément de concentration.
Où en êtes-vous aujourd'hui par rapport à cette tumeur et à l'opération que vous avez subie ?
Je me sens plutôt bien, il y a des hauts et des bas. J'essaie de me surpasser et de repousser les limites à chaque fois. Il faudrait que je me repose davantage mais ce n'est pas moi, j'ai toujours besoin de faire quelque chose et de travailler sur des projets. Quand je m'arrête, je cogite et je me prends la tête sur plein de choses. Il peut m'arriver de penser au pire, et c'est ça qu'il faut absolument que j'évite.

Que disent les médecins ?
Je reste sous surveillance, mon neurochirurgien me suit de près. Je suis bien entouré. Je dois faire plusieurs IRM par an. Ils analysent et vérifient les évolutions de ma tumeur. Il n'y a que ça à faire. J'écoute les avis des médecins et je fais confiance. Mon docteur m'a dit que ma priorité est de vivre.
Comment avez-vous vécu tout ça familialement ?
Je savais que j'allais me battre à fond mais j'étais très angoissé à l'idée de peut-être devoir les abandonner. C'était ma peur numéro un, et cette peur je l'aurai à vie. C'est une partie difficile à accepter. Mais j'utilise mon expérience de sportif de haut niveau pour gérer ça au mieux.
« C'a été très dense et très intense, j'ai eu une première vie de folie. A tel point que j'ai l'impression d'en avoir vécu une dizaine »
Vivez-vous désormais chaque seconde encore plus à fond qu'avant, un peu comme une seconde vie encore plus précieuse ?
Complètement ! Avec ce type de coup dur, on voit forcément la vie différemment. On relativise beaucoup de choses et les petits soucis du quotidien ne sont rien par rapport à une maladie comme une tumeur au cerveau. Je me suis longtemps interrogé sur pourquoi moi. Et là je me suis dit : ''Et pourquoi pas ?'', qu'il y avait toujours quelqu'un d'autre qui souffrait plus que moi niveau santé. C'est un travail d'accepter. J'ai déjà été tellement chanceux de vivre des moments extraordinaires.
Quand vous regardez le documentaire, que vous inspire votre carrière ?
Ça rappelle de super souvenirs. Ç'a été très dense et très intense, j'ai eu une première vie de folie. À tel point que j'ai l'impression d'en avoir vécu une dizaine. Tout est arrivé tellement vite. Quand j'ai vu le docu pour la première fois, ça m'a donné des frissons et ça donne envie de revivre des moments comme ça. J'ai donné tout ce que j'avais à donner comme athlète. C'est un chapitre qui est terminé. Il faut que j'arrive à vivre différemment. J'apprends à vivre normalement, mais ce n'est pas toujours facile. »